Croquis et agaceries d'un gros bonhomme en bois
Publié : 17 nov. 2008, 12:17
Bonjour à tous. L'année 2008 se termine, emportant bien des espoirs hélas vains et en créant d'autres pour 2009... qui subiront le même sort.
Que dites-vous d'une petite analyse des marchés dans cette période économiquement troublée ?
N'ayons pas peur des mots, 2009 sera "l'annus horribilis" pour l'automobile... mais qu'en sera-t-il pour nos constructeurs favoris ? Tentons une réponse.
En ce dernier trimestre de 2008, GM est au bord du gouffre, entrainant Opel dans de graves difficultés qui le contraignent à faire appel au gouvernement allemand pour maintenir son activité. Une nouvelle indépendance d'Opel n'est peut être pas à l'ordre du jour dans l'immédiat mais dans le cas où les difficultés de GM prendraient un tour irréversible, on peut penser que Volkswagen, BMW ou Mercedes, maintenant débarrassé bien opportunément du fardeau Chrysler, aidé par un ou plusieurs länders s'intéresseraient au capital d'Opel que GM serait contraint de céder. Il y aura, à n'en pas douter, des discussions intéressantes entre le gouvernement allemand, le gouvernement américain et l'OMC; à moins que l'aide indispensable du Trésor aux "Big Three" ne soit négociée avec l'OMC au prix de l'abandon à des capitaux européens des filiales Opel pour GM et Ford Europe, pour le groupe Ford, qui n'est certes pas dans un situation aussi dramatique, mais est lui aussi en grande difficulté.
Vous allez me dire... mais tout cela est bien loin de nos "low flyers"; certes, mais ne perdons pas de vue que Ford et GM.Vauhall sont les fournisseurs attitrés des moteurs de Morgan et Caterham pour l'un, de Westfield pour l'autre; sans parler de nombreuses pièces détachées.
En France, la situation est catastrophique: Chômage partiel (ce qui est une manière rassurante de dire "fermeture temporaire d'usines"), avant peut-être le chômage tout court. Le fait que Renault baisse de 25 % sa production en Europe et que P.S.A. suive le même chemin car leurs concessionnaires sont étranglés par un stock pléthorique est significatif: le réseau est engorgé et à cours de liquidités. Liquidités que les banques rechignent à prêter au secteur automobile, littéralement sinistré. Le code APE 4511 Z est maudit pour l'obtention de tout crédit aux entreprises. On peut s'attendre à des fermetures de points de ventes, à des rachats stratégiques à bas prix; bref 2009 sera l'année des bouleversements dans les réseaux de distribution en France. A suivre...
Plus directement, quid de nos marque préférées ?
L'introduction en 2009 de l'homologation "petite série" européenne aura pour corollaire un durcissement, déjà clairement annoncé en Angleterre, des "RTI" dans tous les pays européens. On peut donc penser que les constructeurs marginaux, qui ne produisent que quelques dizaines de voitures par an qui bénéficient actuellement pour être immatriculées d'un système particulièrement bienveillant en Angleterre seront laminés. Ces constructeurs, principalement de kits, sont à la croisée des chemins: grandir ou périr... beaucoup ne grandiront pas dans cette période de crise et disparaitront.
En ce qui concerne les constructeurs "significatifs", citons quelques marques (par ordre alphabétique pour ne froisser personne) qui affronteront cette tempête.
Ariel: Je pense que l'originalité de son concept peut sauver Ariel. Cependant, les versions les plus extrèmes seront très difficiles, voire impossibles à immatriculer. Les clients se contenteront-ils, pour un prix plus élévé, d'une puissance comparable à celle offerte par Caterham ou Westfield ? That is the question.
Caterham: Une gamme intéressante basée sur le moteur Duratec de 170 cv. devait être disponible pour l'été 2009; il semble que du retard ait été pris et que l'on s'oriente davantage vers des livraisons en Septembre ou Octobre, trop tard pour une influence bénéfique sur le début de l'année 2009. En attendant, cette annonce prématurée risque d'avoir une influence néfaste pour la vente des modèles équipés de moteur Cosworth, dont le surcout n'est plus justifié.
Le premier semestre de 2009 sera donc crucial pour Caterham, qui ne pourra pas compter sur la vente des voitures de compétition, l'ensemble des plateaux ayant déjà été renouvelé.
KTM: La société mère est en bonne santé financière mais le pari du lancement d'un modèle automobile très typé représente des investissements considérables. Tout dépendra de l'accueil du public. Nul ne peut le prédire. Réponse en 2009.
Lotus: la nouvelle gamme ne convainc pas; c'est un euphémisme. Tout se jouera sur l'avenir, incertain, de Proton. Toutes les tentatives de reprise ou d'association ont achopé, vraissemblablement en raison de la nature de l'actionnariat du constructeur malaisien. Proton, pour atteindre la taille critique, est dans l'obligation de trouver une solution au moment où tous les interlocuteurs se défilent et où la baisse des cours du pétrole touche la Malaisie. Pour un éventuel repreneur ou associé (mais qui ?), dans une période de crise ou de nombreux licenciements ont lieu chez tous les constructeurs, Lotus et son bureau d'études serait considéré davantage comme un fardeau que comme un atout. De là à dire que Proton pourrait être tenté de ne pas couvrir une nouvelle fois les dettes de Lotus... il n'y a qu'un pas.
Morgan: En cas de crise, il s'agit d'une valeur sûre. Mieux vaut avoir une Morgan dans son garage que de l'argent à la banque. Le carnet de commande est presque plein pour 2009. Devrait passer la crise sans trop de problèmes.
Westfield: La marque était en grand danger puisque 95 % de ses ventes se faisaient au Royaume-Uni, aujourd'hui en récession. L'ouverture des marchés extérieurs, même si elle arrive au pire moment, offre un important potentiel et devrait compenser les éventuelles pertes de ventes sur le marché domestique en 2009. En 2010, si les marchés exports répondent favorablement à l'offre de Westfield, on peut espérer une progression de la production de 30 %.
Voilà, j'espère vous avoir proposé un sujet intéressant qui mérite que l'on y réfléchisse. Merci pour vos commentaires et votre analyse. Cordialement.
Que dites-vous d'une petite analyse des marchés dans cette période économiquement troublée ?
N'ayons pas peur des mots, 2009 sera "l'annus horribilis" pour l'automobile... mais qu'en sera-t-il pour nos constructeurs favoris ? Tentons une réponse.
En ce dernier trimestre de 2008, GM est au bord du gouffre, entrainant Opel dans de graves difficultés qui le contraignent à faire appel au gouvernement allemand pour maintenir son activité. Une nouvelle indépendance d'Opel n'est peut être pas à l'ordre du jour dans l'immédiat mais dans le cas où les difficultés de GM prendraient un tour irréversible, on peut penser que Volkswagen, BMW ou Mercedes, maintenant débarrassé bien opportunément du fardeau Chrysler, aidé par un ou plusieurs länders s'intéresseraient au capital d'Opel que GM serait contraint de céder. Il y aura, à n'en pas douter, des discussions intéressantes entre le gouvernement allemand, le gouvernement américain et l'OMC; à moins que l'aide indispensable du Trésor aux "Big Three" ne soit négociée avec l'OMC au prix de l'abandon à des capitaux européens des filiales Opel pour GM et Ford Europe, pour le groupe Ford, qui n'est certes pas dans un situation aussi dramatique, mais est lui aussi en grande difficulté.
Vous allez me dire... mais tout cela est bien loin de nos "low flyers"; certes, mais ne perdons pas de vue que Ford et GM.Vauhall sont les fournisseurs attitrés des moteurs de Morgan et Caterham pour l'un, de Westfield pour l'autre; sans parler de nombreuses pièces détachées.
En France, la situation est catastrophique: Chômage partiel (ce qui est une manière rassurante de dire "fermeture temporaire d'usines"), avant peut-être le chômage tout court. Le fait que Renault baisse de 25 % sa production en Europe et que P.S.A. suive le même chemin car leurs concessionnaires sont étranglés par un stock pléthorique est significatif: le réseau est engorgé et à cours de liquidités. Liquidités que les banques rechignent à prêter au secteur automobile, littéralement sinistré. Le code APE 4511 Z est maudit pour l'obtention de tout crédit aux entreprises. On peut s'attendre à des fermetures de points de ventes, à des rachats stratégiques à bas prix; bref 2009 sera l'année des bouleversements dans les réseaux de distribution en France. A suivre...
Plus directement, quid de nos marque préférées ?
L'introduction en 2009 de l'homologation "petite série" européenne aura pour corollaire un durcissement, déjà clairement annoncé en Angleterre, des "RTI" dans tous les pays européens. On peut donc penser que les constructeurs marginaux, qui ne produisent que quelques dizaines de voitures par an qui bénéficient actuellement pour être immatriculées d'un système particulièrement bienveillant en Angleterre seront laminés. Ces constructeurs, principalement de kits, sont à la croisée des chemins: grandir ou périr... beaucoup ne grandiront pas dans cette période de crise et disparaitront.
En ce qui concerne les constructeurs "significatifs", citons quelques marques (par ordre alphabétique pour ne froisser personne) qui affronteront cette tempête.
Ariel: Je pense que l'originalité de son concept peut sauver Ariel. Cependant, les versions les plus extrèmes seront très difficiles, voire impossibles à immatriculer. Les clients se contenteront-ils, pour un prix plus élévé, d'une puissance comparable à celle offerte par Caterham ou Westfield ? That is the question.
Caterham: Une gamme intéressante basée sur le moteur Duratec de 170 cv. devait être disponible pour l'été 2009; il semble que du retard ait été pris et que l'on s'oriente davantage vers des livraisons en Septembre ou Octobre, trop tard pour une influence bénéfique sur le début de l'année 2009. En attendant, cette annonce prématurée risque d'avoir une influence néfaste pour la vente des modèles équipés de moteur Cosworth, dont le surcout n'est plus justifié.
Le premier semestre de 2009 sera donc crucial pour Caterham, qui ne pourra pas compter sur la vente des voitures de compétition, l'ensemble des plateaux ayant déjà été renouvelé.
KTM: La société mère est en bonne santé financière mais le pari du lancement d'un modèle automobile très typé représente des investissements considérables. Tout dépendra de l'accueil du public. Nul ne peut le prédire. Réponse en 2009.
Lotus: la nouvelle gamme ne convainc pas; c'est un euphémisme. Tout se jouera sur l'avenir, incertain, de Proton. Toutes les tentatives de reprise ou d'association ont achopé, vraissemblablement en raison de la nature de l'actionnariat du constructeur malaisien. Proton, pour atteindre la taille critique, est dans l'obligation de trouver une solution au moment où tous les interlocuteurs se défilent et où la baisse des cours du pétrole touche la Malaisie. Pour un éventuel repreneur ou associé (mais qui ?), dans une période de crise ou de nombreux licenciements ont lieu chez tous les constructeurs, Lotus et son bureau d'études serait considéré davantage comme un fardeau que comme un atout. De là à dire que Proton pourrait être tenté de ne pas couvrir une nouvelle fois les dettes de Lotus... il n'y a qu'un pas.
Morgan: En cas de crise, il s'agit d'une valeur sûre. Mieux vaut avoir une Morgan dans son garage que de l'argent à la banque. Le carnet de commande est presque plein pour 2009. Devrait passer la crise sans trop de problèmes.
Westfield: La marque était en grand danger puisque 95 % de ses ventes se faisaient au Royaume-Uni, aujourd'hui en récession. L'ouverture des marchés extérieurs, même si elle arrive au pire moment, offre un important potentiel et devrait compenser les éventuelles pertes de ventes sur le marché domestique en 2009. En 2010, si les marchés exports répondent favorablement à l'offre de Westfield, on peut espérer une progression de la production de 30 %.
Voilà, j'espère vous avoir proposé un sujet intéressant qui mérite que l'on y réfléchisse. Merci pour vos commentaires et votre analyse. Cordialement.